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Avec deux enfants en bas âge à qui l’on dédie quasiment toute son énergie et tout son temps,
a-t-on encore (vraiment) du temps pour soi ?

 

 

J’ai longtemps pensé que mon bonheur de maman passerait par le fait de me dévouer entièrement à ma famille, d’être présente de manière inconditionnelle, tout le temps, et qu’en garantissant la sécurité affective de mes enfants, leur joie de vivre et leur bonheur suffiraient à me rendre pleinement heureuse, épanouie et à me sentir vivante. Je ne concevais pas pouvoir être comblée autrement qu’en veillant à ce qu’ils soient heureux. J’ai donc réorganisé ma vie en ce sens : j’ai réorienté ma vie professionnelle afin d’avoir la joie de les voir grandir chaque jour. Et je ne peux m’empêcher de m’enthousiasmer pour chaque nouvelle découverte, pour chaque progrès réalisé au quotidien. Je suis ravie d’aller chercher Loulou chaque après-midi à la sortie de l’école et de passer mes journées avec Chaton. Pour rien au monde, je ne souhaiterais une vie différente, où mes enfants grandiraient (trop) loin de moi – je prends déjà sur moi en laissant Loulou à l’école le matin – et où je ne pourrais les prendre dans mes bras, les câliner, les consoler, les entendre rire, être témoin de leur complicité grandissante (et parfois souvent aussi de leur brutalité…) qu’une heure ou deux chaque jour.

 

Mais, après 4 ans de dévotion totale : une première grossesse durant laquelle quasiment tout geste du quotidien était pensé en fonction de mon enfant (produits utilisés pour mon alimentation, mes cosmétiques, mon ménage, positions – jour comme nuit- qui semblaient les plus adaptées pour mon futur bébé …), après un accouchement où j’essayais à chaque poussée d’être la plus efficace pour que ce bébé vive les choses de la manière la plus supportable possible, après des semaines sans quasiment sortir de chez moi (pour éviter les coups de froid, les microbes …), après 8 mois d’allaitement exclusif puis mixte, de tirage de lait, de portage, de caresses et papouilles, à me lever jusqu’à 20 fois par nuit pour rassurer mon bébé et répondre à chaque bruit émis par lui, après une présence complète à chaque moment d’éveil (et à relayer tout le reste pour les moments où il dormait : préparation des repas, ménage, douche, et tout le reste), après des heures passées sur internet pour dénicher les livres et jouets qui me semblaient les plus adaptés à son évolution, après des formations sur la petite enfance, moult lectures sur l’éducation, après avoir décidé de tomber une nouvelle fois enceinte alors que mon grand ne marchait pas encore (pour que mes enfants soient rapprochés et créent ainsi plus de lien), après être donc tombée enceinte la même année que celle où j’avais arrêté l’allaitement, après la fatigue d’une deuxième grossesse avec un premier enfant en bas âge (et un boulot d’assistante maternelle), après m’être posée 1034 questions sur comment préparer au mieux l’arrivée d’un nouveau bébé sans causer trop de dommages pour l’un comme pour l’autre (et finalement avoir eu la sensation de ne pas y être parvenue …), après un deuxième accouchement déboussolant et une naissance de mon Chaton plus tôt qu’on ne l’avait tous les deux choisie, après avoir passé 8 mois sans dormir une seule nuit allongée ni plus de deux heures consécutives avec un bébé qui ne dormait qu’au sein et dont je ne pouvais donc me détacher, après m’être découverte une maman imparfaite, moins patiente avec Loulou que je ne l’avais été jusqu’alors, frustrée de ne plus parvenir à leur donner autant que ce que je m’étais imaginé pouvoir leur apporter toute ma vie, après avoir constaté que quelque chose de ma relation avec Loulou s’était brisé avec l’arrivée de son petit frère, après avoir vécu des mois déstabilisants (pour ne pas dire chaotiques) à essayer de redevenir, en vain, la même maman que celle que j’étais avec un enfant unique, après n’avoir tout simplement fait battre mon coeur qu’au rythme de celui de mes enfants, tout en y trouvant une joie incommensurable, j’en ai fini par m’oublier.

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C’est alors que j’ai (enfin) compris cette phrase que j’entendais partout mais qui me semblait si étrangère, qui me paraissait si loin de ma façon d’appréhender la vie et la maternité (a fortiori) : « Pour prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi. » Jusqu’à présent, c’était en prenant soin des autres que j’avais la sensation de prendre soin de moi et ma source d’épanouissement résidait essentiellement dans le fait de constater que mon mari et mes enfants étaient heureux. Sans même m’en rendre compte, la fatigue, le stress de ne pas parvenir à répondre simultanément aux besoins incompatibles de mes enfants, l’absence de temps pour moi ont entaché l’entrain (que j’estimais pourtant naturel chez moi) et la joie que j’avais à passer chaque minute ou presque avec eux. Je me suis surprise à m’énerver de petits riens, à crier, à mal interpréter parfois, à avoir des attitudes qui me semblaient si loin de la personne que j’étais et voulais continuer à être que je me suis rendue compte que je m’éloignais tout simplement de moi, et que j’allais aussi finir par m’éloigner d’eux si je ne me reprenais pas.

Et ce besoin, alors, de plus en plus présent en moi, de m’occuper désormais de moi d’abord aussi.

Comme une (im)pulsion, j’ai soudainement eu envie d’entreprendre mille et une choses que certains considèreront comme égoïstes mais que j’estime en fait « salutaires ». J’avais besoin de partager, de verbaliser, de témoigner, d’être en lien avec d’autres parents, de faire comprendre à mes proches (ou moins proches) l’importance de l’éducation positive pour moi, du respect des enfants (en général) et des miens (en particulier) en tant qu’individus. J’avais besoin d’échanger à travers des thèmes qui me touchent pour continuer à me remettre en cause au quotidien et poursuivre cette quête de bienveillance. J’ai décidé de lancer ce blog, comme un espace d’expression qui serait à moi et rien qu’à moi (certes partagé sur internet, mais les interactions que cela me procurerait promettaient d’être comme enrichissantes). Un blog qui serait pour moi aussi une manière d’intellectualiser ma profession, de continuer à creuser des questions relatives à l’éducation. Un blog qui pourrait aussi, un jour peut-être, être lu par mes enfants, comme un témoignage de mon amour pour eux et de la famille que nous sommes, que nous avons été. Un blog comme un moyen d’introspection, comme un espace contributif de mon développement personnel. Face au temps que je présageais d’y consacrer, Damien n’a (d’abord) pas compris : s’il comprenait mon besoin de m’aérer l’esprit, de m’évader, d’avoir des loisirs, quel était l’intérêt de bosser sur des articles le soir, la nuit ou les week-ends (plutôt que de passer du temps ensemble) ? Pourquoi se fixer des deadlines, vouloir poster des articles à heures et jours à peu près réguliers ? Pourquoi y accorder, au fond, tant d’importance ? Et bien parce que je suis entière, passionnée et que je fonctionne par instinct. Si quelque chose me plaît, j’ai besoin de m’y lancer à fond pour m’y épanouir. Le jour où je relâcherai le rythme, c’est certainement que je serai déjà passée à autre chose.

Dans le même temps, j’ai aussi ressenti le besoin de me retrouver en tant que femme et, sans vouloir caricaturer et au risque de paraître futile, cela s’est manifesté chez moi par le fait de prendre soin de mon corps (que ce soit en voulant me remettre activement au sport, en faisant de gros gros crackings shopping, en ayant du jour au lendemain envie de prendre soin de mes cheveux (qui ne ressemblaient plus à rien suite aux différents changements hormonaux), de mes ongles (idem) et de ma peau, autant de domaines laissés de côté pendant trop longtemps, complètement délaissés depuis ma première grossesse pour être honnête. Je me suis donc remise au sport et mes 3 séances par semaine me font un bien fou, au corps (si je pouvais perdre les 3-4 kgs en trop qui m’accompagnent depuis la naissance de Loulou, je ne serais pas contre) et surtout à l’esprit (j’y évacue tout le stress, toutes les tensions, j’y transforme ma fatigue en « bonne fatigue » et j’en ressors avec le sourire) !

 

Je suis aussi dans une phase où je souhaite évoluer en développement personnel (j’ai déjà eu l’occasion de vous en parler à plusieurs reprises, et je pense que ce n’est pas fini). Je veux continuer de pouvoir lire, me détacher de toutes les pollutions du quotidien (écrans, réseaux sociaux, perturbateurs endocriniens, esprits négatifs et personnes « toxiques » …), je veux avancer dans l’appréciation à sa juste valeur du moment présent, intégrer la méditation dans ma vie quotidienne (j’en suis loin !), ralentir le rythme, apprécier les petits moments de bonheur qui se présentent chaque jour, continuer de privilégier et valoriser l’être à l’avoir, guérir mes blessures de petite fille, être en accord avec moi-même et continuer d’en apprendre sur moi … La liste est encore longue et j’espère qu’elle sera mouvante encore longtemps …

 

Quand Damien m’a offert un week-end off il y a quelques semaines (sans mari ni enfants), il m’a fait le cadeau dont j’avais besoin. À peine la petite famille partie, j’ai réagencé, le temps d’un week-end les meubles de l’appartement : j’ai disposé fleurs et bougie à hauteur accessible des enfants (comme une célibataire) et j’ai vécu un week-end pour moi à mon rythme. Je suis allée me faire faire un massage (toujours une bonne idée cadeau pour une maman !!!), j’ai fait un tour chez le coiffeur, j’ai commencé chaque journée par du sport et j’étais ravie !

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La thalasso que nous avons faite la semaine dernière est toujours aussi appréciée. Ce temps à la fois en couple et seule à prendre soin de soi me permet d’évacuer toutes les tensions et de repartir toute fraîche pour une nouvelle année. Quel bonheur de dormir sans être interrompue, de se lever à l’heure que nous avons choisie, de pouvoir discuter sans être coupés toutes les deux secondes, de profiter du calme, de pouvoir lire le temps souhaité (et pas entre minuit et demi et une heure du matin au moment de me coucher), de se concentrer sur l’instant présent et d’être tous les deux, tout simplement !

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Aujourd’hui, je sais que mon bonheur de maman passe par le fait de me dévouer à ma famille, mais que cette dévotion ne me suffit pas. Pour être pleinement heureuse, j’ai besoin de temps à moi, rien que pour moi, de breaks en quelques sortes pour décompresser et me retrouver (qu’ils durent une demi-heure, une demi-journée ou une demi-semaine 😉 ). Ça paraît bête sur le papier, mais c’est parfois si difficile à mettre en pratique au quotidien. C’est parfois si compliqué de réussir à se dégager du temps, de trouver quelqu’un (si possible de confiance) à qui « laisser » ses enfants, de s’autoriser à être seule avec soi-même, sans culpabilité. Désormais, je le fais, et ça me fait du bien. J’ai besoin de ces temps dédiés à des activités qu’elles soient intellectuelles, sportives, ou de simples sorties qui me permettent de puiser l’énergie nécessaire pour retrouver confiance en moi et continuer à être la personne que je suis vraiment, une maman dévouée, une femme parfois réservée et (trop) sage, et parfois complètement fofolle, une personne entière et parfois excessive qui chemine vers le bonheur, une maman dévouée, passionnée par ses enfants et débordante d’amour pour ses 3 hommes.

 

Ressentez-vous aussi ce besoin de vous reconnecter à vous-même de temps en temps ? Quels sont vos exutoires ? Et comment vous organisez-vous pour vous dégager du temps ? Dîtes-moi tout 😉 !

 

À bientôt,

 

Céline.

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