en-meme-temps

Depuis quelques semaines, c’est un peu le branle-bas de combat à la maison.
Loulou est éreinté par l’école et met notre patience à l’épreuve,
Chaton a de nouveau besoin de nous pour s’endormir et se réveille beaucoup,
il n’y a pas une nuit sans plusieurs réveils des enfants,
et nous sommes épuisés.
De quoi avoir envie de tout envoyer valser. Et en même temps …

 

Nous traversons une période où j’aimerais bien tout envoyer balader et aller m’échouer une semaine, complètement seule, sur une île déserte. Bon d’accord, pas sur une île déserte, juste à la maison, mais dans un appart pour moi toute seule où je pourrais lire un bon bouquin en me faisant les ongles, prendre le temps de me faire couler un bain et de me poser un masque (je ne me souviens même plus de la dernière fois où ça m’est pas arrivé), regarder une petite série au lit ou juste me coucher à 22h00 et me dire qu’une grasse mat m’attend le lendemain matin (sans avoir à programmer un réveil ni me dire que, de toutes façons, les enfants me réveilleront). Une semaine où je pourrais aller faire du sport chaque jour, ressortir de jolies petites robes et porter des talons aiguilles. Une semaine où j’aurais tout le temps souhaité pour rédiger les articles du blog ou trier mes photos. Une semaine où je n’aurais pas, malgré la fatigue, à peser chaque mot pour qu’il soit suffisamment dosé entre bienveillance et fermeté, où je ne prendrais pas la peine de dire 57 fois par jour : « Qu’est-ce qu’on dit ? », « On garde les chaussons, Chaton », « Loulou, chacun range ses chaussures », « N’oublie pas de bien laver tes mains, avec le savon », « On ne prend pas des mains / On attend son tour », « C’est le dernier gros câlin et après je m’en vais car j’ai encore des choses à faire dans la maison et il faut que j’aille me coucher ensuite moi aussi ». Une semaine où je pourrais traverser une pièce sans avoir à ramasser un pantalon de pyjama, un slip ou une chaussette ni me cogner l’orteil sur ses satanés Lego. Une semaine où je ne rangerais pas, pour la 28ème fois, la même caisse de jouets. Une semaine où je n’aurais pas à vider une boîte de kleenex en une demi-journée pour moucher tour à tour mes enfants ou ceux que j’accueille. Une semaine où je ne mettrais pas 15 minutes à sortir de chez moi après avoir monté (oui, je ne la sors pas uniquement moi, je la monte 😉 ) ma poussette double (avec la contremarche), changé chaque couche, accompagné Loulou aux toilettes, aidé chacun à mettre son pull, son manteau et ses chaussures. Une semaine où débarrasser ma table prendrait moins de 20 minutes et ne consisterait pas à ramasser et nettoyer la moitié du repas tombé par terre, débarbouillé la bouche le visage, les mains, les cheveux, le cou voire les bras, les jambes et le buste de chaque enfant. Une semaine sans avoir à porter, bercer, inlassablement, les enfants en espérant qu’ils réussissent à s’apaiser ou finissent par s’endormir. Une semaine où je pourrais aller me coucher chaque soir sans mal de tête et sans avoir enduré 18 hurlements de joie (et autant de cris de rage) et consolé 33 pleurs de désespoirs. Une semaine sans avoir à réveiller Damien pour qu’il aille rendormir les enfants et sans avoir à chercher dans le noir, en quatrième vitesse, un doudou ou une tétine perdus. Une semaine calme où je me sentirais reposée. Une semaine durant laquelle je pourrais aussi rêver à une autre semaine, seule avec Damien cette fois, où nous pourrions nous reposer, sortir en amoureux et prendre le temps de profiter de nous, où nous aurions le loisir de discuter sans interruptions, où nous prendrions le temps de nous remercier d’être le soutien quotidien de l’autre et sortir du mode pilote automatique dans lequel nous vivons trop souvent. Aahhh, si seulement …

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Et, en même temps, tirer un trait sur ces moments parfois difficiles, ça serait aussi passer à côté de tout le reste : des sourires des enfants lorsqu’ils me voient apparaître, des déclarations d’amour de Loulou sous le ton de la confidence, des gros câlins du soir et de ceux du matin, des bisous de bébé que Chaton fait avec un gros bruitage, « moua », à travers lequel il met tout son coeur. Ça serait me passer des parties de cache-cache et de chatouilles, du bonheur de les voir grandir chaque jour, s’épanouir, s’emballer pour des petits détails qui les font rire sans fin. Ça serait rater leur complicité, si belle à voir, lorsque l’un d’eux reproduit ce que l’autre fait et l’incite à recommencer. Ça serait me passer de la spontanéité si belle et de la joie avec laquelle ils chantent, parlent, créent, aiment, vivent, sans se soucier du regard des autres.

Je passerais à côté de toutes ces histoires que nous leur lisons ou racontons et dont ils sont si demandeurs. Je manquerais les deux petites chansons que nous inventons chaque soir à partir d’un thème que Loulou a choisi et ne l’entendrais plus rire des petites bizarreries que nous pouvons y glisser. Je ne pourrais pas observer, admirative, leur capacité à s’émerveiller et profiter de l’instant présent comme si rien d’autre n’avait d’importance. Je ne constaterais pas les progrès qu’ils font et leurs efforts pour vouloir faire par eux-mêmes et gagner en autonomie. Je n’aurais pas l’opportunité de retomber en enfance en construisant, aussi pour mon propre plaisir, des circuits de train ou en inventant des histoires avec les Playmobil. Je ne pourrais pas faire la course avec eux ni jouer à les attraper. Je ne les entendrais pas me réclamer un énorme câlin, et puis un bisou, et encore un autre, et encore un dernier. Je ne retournerais pas dans leur chambre juste avant de me coucher pour les border, les embrasser et les contempler dormir si paisiblement. Je ne les verrais pas rire ni jouer ensemble et ne constaterais pas que leur lien se construit peu à peu. Je n’assisterais pas à de jolies scènes où l’un comme l’autre se réclament mutuellement et commencent à défendre l’autre auprès de nous. Et surtout j’oublierais à quel point ces petits riens de la vie sont essentiels, pour eux comme pour nous, et que ce sont à travers eux que nous nous sentons vivants.

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Les enfants grandissent si vite ! Bientôt, et avant même que je ne m’en rende compte, ils seront grands, totalement autonomes et prendront plus de plaisir à passer du temps avec leurs amis qu’à venir enlacer leur maman. Alors, oui, tout n’est pas toujours rose ; oui, il me faut répéter chaque jour les mêmes choses, les mêmes gestes, avec, souvent, la décourageante impression de parler et d’agir dans le vide ; oui il y a des moments (particulièrement en ce moment) où je rêverais d’une maison calme et rangée, d’une fratrie vivant en harmonie sans cris, disputes, coups et rivalités ; d’enfants qui me laisseraient du temps pour pouvoir faire des choses pour moi ; de pouvoir m’asseoir sur le canapé avant qu’ils soient couchés ; de pouvoir vérifier ce qu’il y a dans le frigo sans qu’ils me demandent non stop jusqu’au repas suivant à quelle heure ils vont manger ; de pouvoir sortir avec Damien en leur disant que je reviens dans 2 heures et qu’ils peuvent manger tranquillement, aller se laver les dents et lire un livre avant d’aller se coucher seuls … mais ce temps viendra. Et lorsqu’il sera là, je regretterai les moments où, nos enfants petits, Damien et moi représentions tout pour eux, où notre présence suffisait à mettre de la magie dans leurs yeux, où une grimace permettait de les faire rire aux éclats et où nos câlins apaisaient toutes leurs peines.

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Je vais alors m’attacher à profiter de chaque instant, et prendre mon mal en patience vis-à-vis des plus pénibles, car j’ai conscience que tout cela ne durera qu’un temps et que nous vivons nos plus belles années malgré tout.

Mais, quand-même, juste une petite semaine off, ça serait bien, non ?

Céline.

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