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Lorsque l’on évoque le sujet de l’éducation positive, nous rencontrons généralement deux types de critiques :
celle de ceux qui pensent, sans connaître, que nous avons fait le choix d’une éducation laxiste,
et celle de ceux qui trouvent que l’éducation positive est sympa sur le papier mais peu applicable dans la vraie vie.
Il faut reconnaître que ce choix éducatif est loin d’être le plus simple
car il impose une remise en question permanente des principes éducatifs ancrés en nous depuis l’enfance …

 

Alors, pourquoi ce choix ?

L’éducation positive est avant tout une démarche personnelle, avec, en ligne de fond la volonté de porter un regard positif, bienveillant sur l’enfant et de s’efforcer d’adopter une attitude empathique à son égard, en toutes circonstances. Elle repose sur un respect de l’identité de l’enfant qu’elle considère comme un individu à part entière et, à ce titre, vise à prendre en compte ses besoins, au même titre que ceux de l’adulte, afin de tenter de les satisfaire et de garantir la vie familiale la plus harmonieuse possible.

L’éducation positive passe d’abord par un nouveau regard

Les neurosciences l’ont récemment démontré : l’enfant naît naturellement bon et empathique. Il ne calcule pas, ne manipule pas et n’a jamais l’intention de mal faire. Ces critiques ne sont que le fruit d’une interprétation erronée de l’adulte, forgée à coups de croyances transmises de générations en générations sur le fonctionnement de l’enfant et dénuées de fondements scientifiques. Aujourd’hui, nous savons que, lorsqu’un enfant ne fait pas ce qu’on attend de lui, lorsqu’il adopte un comportement « inapproprié », lorsque son attitude n’est pas conforme à nos attentes, c’est parce que quelque chose qu’il ne contrôle pas (fatigue, sur-stimulation, besoin non satisfait, demande qui dépasse sa compréhension ou ses capacités …) l’en empêche .

L’enfant réagit en fonction d’une situation et d’un environnement donnés et, bien souvent, des éléments non décelés par l’adulte viennent perturber sa bonne humeur et sa volonté naturelle de coopérer et d’aider les personnes qui l’entourent. Il cherche alors à alerter l’adulte sur le fait que quelque chose ne va pas afin que celui-ci puisse l’aider – je vous invite à lire l’article « Répondre aux besoins de l’enfant » à ce sujet.

Partir de ce « nouveau » postulat nous permet de revoir l’interprétation que nous nous faisons au quotidien des réactions de nos enfants, et de les regarder avec amour, bienveillance et empathie.

Ce type d’éducation nous pousse donc à nous remettre, chaque jour, en question sur notre rôle en tant que parents, sur les valeurs nous souhaitons inculquer à nos enfants, sur le type de relation que nous souhaitons construire avec eux sur le long terme. Nous prenons alors conscience que, nous-mêmes, adultes, réagissons souvent de manière inappropriée (en nous emportant, nous énervant, criant) non pas car les réactions de nos enfants ne sont pas celles que nous attendions d’eux mais du fait d’une situation ou d’un environnement particuliers (car nous sommes nous-mêmes stressés, fatigués, et donc moins patients). S’il ne nous est pas toujours faciles, à nous, adultes, de déceler quelles sont les émotions à l’origine de nos actions, nous prenons conscience de la difficulté des enfants dont les cerveaux ne seront matures qu’à l’âge de 25 ans, de pouvoir agir posément lorsque quelque chose les perturbe.

 

Concrètement, qu’avons-nous mis en place et comment l’appliquons-nous ?

Une fois la première étape de la prise de conscience passée, comment adopter une attitude positive au quotidien ?

Bon, je vous l’accorde, ça n’est pas la partie la plus simple. C’est vraiment un travail de chaque jour, sur lequel nous avançons pas à pas, mais la base reste cette prise de conscience et cette volonté de mieux faire pour eux, pour nous.

Voici 10 choses que nous essayons de mettre en place à la maison : 

  • 1) Être présents pour nos enfants, inconditionnellement

Nous essayons de garder en tête qu’il n’est pas facile d’être un enfant : entre l’adaptation au monde dans lequel ils naissent, les bobos de bébés (coliques, douleurs digestives et dentaires, maladies infantiles, croissance …), les efforts titanesques qu’ils doivent fournir pour attraper, se mettre assis, se déplacer, marcher, acquérir du vocabulaire, se faire comprendre, les choses souvent contradictoires que nous leur demandons (« attends / dépêche-toi », « tu es un grand / tu es encore trop petit » …) et le manque de temps ou d’attention que nous leur donnons malgré nous, nous devrions nous estimer reconnaissants qu’ils parviennent à sourire autant de fois par jour et à s’émerveiller du quotidien, là où, à leur place, nous serions à coup sûr de bien moins bonne composition …

Il nous paraît donc essentiel que nos enfants sentent, sachent, qu’ils peuvent compter sur nous en toutes circonstances, que notre amour envers eux est inconditionnel et qu’ils peuvent et pourront s’appuyer sur nous pour traverser toutes les petites et grandes épreuves de leur quotidien.

Pour cela :

  • Nous ne les avons jamais laissé pleurer, du moins jamais intentionnellement et jamais plus que le temps nécessaire pour accourir (même si je suis frustrée de ne pas avoir pu répondre avec autant de dévotion aux appels de Chaton que je ne l’avais fait pour Loulou – comme je l’avais expliqué ici).
  • Nous les laissons s’exprimer : nous considérons que nos enfants ont le droit de ne pas être d’accord avec tout ce que nous leur demandons de faire, et même si nous ne pouvons / voulons pas toujours adhérer à leurs demandes (sortir sans chaussures, manger des sucreries, etc.), nous ne les réprimons pas. Au contraire, nous les encourageons à nous expliquer leurs désaccords afin qu’ils se sentent libres de pouvoir exprimer leur propre opinion d’une part, et que nous puissions leur expliquer pourquoi nous ne sommes pas d’accord d’autre part.
  • Dans la même lignée, nous aidons nos enfants à mettre des mots sur leurs émotions, et nous en encourageons l’expression, quelles qu’elles soient. Nous bannissons donc (sauf en cas de rechutes 😉 ) des phrases comme « N’aie pas peur », « Il est parti le bobo », « Ne pleure pas » et leur disons, au contraire, qu’ils ont le droit d’avoir peur, que ça doit faire vraiment mal de se cogner la tête et qu’ils peuvent pleurer aussi longtemps qu’ils en éprouvent le besoin ; le tout en leur ouvrant les bras si nécessaire. Nous faisons cela car nous sommes convaincus qu’un enfant qu’on encourage à exprimer ses émotions saura plus facilement les reconnaître, les apprivoiser et les dépasser. Il aura une plus grande confiance en lui, en nous, sera plus autonome et aura une meilleure aisance relationnelle une fois adulte.
  • Nous avons essayons toujours de les rassurer, de les calmer et leur expliquons que nous les aimons, sans condition, quelle que soit l’erreur qu’ils ont faite ou l’état émotionnel dans lequel ils se trouvent (grosse colère …).

 

  • 2) Fixer un cadre

Adopter une attitude bienveillante ne veut pas dire qu’on laisse tout faire à nos enfants. Poser un cadre est essentiel et structurant pour un enfant. Cela lui permet d’avoir des repères auxquels se référer pour grandir sereinement. En éducation positive, le cadre, les limites sont posés, mais avec bienveillance.

Nous avons donc réfléchi à ce qui nous semblait essentiel, aux règles qui étaient importantes pour nous et sur lesquelles nous serions intransigeants. Nous sommes très fermes lorsqu’il s’agit  :

  • de la sécurité (dans la rue comme chez nous)
  • de respect des autres, de leurs opinions ou envies, de leurs rythmes. Cela implique aussi de ne pas être violent envers les autres : ne pas pousser, taper, mordre, écraser …, de respecter le sommeil des autres (Nous essayons de ne pas réveiller nos enfants, de ne pas les brusquer (depuis que Loulou va à l’école, c’est un peu compliqué …), et demandons aussi à nos enfants d’être discrets lorsque quelqu’un est couché) et d’être poli (en disant « Bonjour », « Au revoir », « S’il te plaît » et « Merci »).
  • de l’hygiène (retirer ses chaussures et se laver les mains en rentrant à la maison, se laver les mains après être allés aux toilettes et avant comme après les repas, se brosser les dents après les repas),
  • des écrans : nous n’avons pas la télé et expliquons à nos enfants pourquoi nous ne voulons pas qu’ils la regardent. De même, nous essayons de limiter le téléphone portable à un visionnage photos pour Loulou, de manière exceptionnelle.

 

Nous essayons aussi de leur inculquer le respect de la planète sur laquelle ils vivent, en leur expliquant qu’il faut essayer de ne pas gâcher (ni l’eau qui coule, ni l’électricité lorsque nous quittons une pièce, ni la nourriture), en leur apprenant à jeter et trier les déchets, en leur disant ce qu’est la pollution, etc. Ils sont encore petits mais je pense qu’il n’est jamais trop tôt pour faire passer des messages. 😉

 

Nous essayons d’être intransigeants sur ce cadre en leur rappelant les règles de notre famille autant de fois que nécessaire et en leur en expliquant la finalité. Quand un de nos enfants ne nous écoute pas, nous lui disons qu’il a le droit de ne pas être d’accord avec nous mais lui rappelons pourquoi cette règle existe et que nous ne changerons pas d’avis.

 

En dehors de nos règles de base, nous laissons nos enfants vivre librement leurs vies d’enfants.

 

  • 3) Donner l’exemple

Les enfants apprennent davantage de nos comportements que des phrases qu’ils entendent de nous. Nous essayons par conséquent de suivre nous aussi les règles de la maison. Nous considérons que nous ne sommes pas supérieurs à nos enfants. Nos droits et nos devoirs varient en fonction des nos âges mais nous avons tous droit au même respect. Si nous apprenons à nos enfants à traverser lorsque le bonhomme est vert, nous ne passons pas nous-mêmes lorsqu’il est rouge. Quelle légitimité aurions-nous à demander à nos enfants de ne pas crier en criant nous-mêmes ? Réussirions-nous à faire comprendre à nos enfants qu’il ne faut pas taper si nous tapions nous aussi ?

 

  • 4) Adapter notre environnement à nos enfants

Pour limiter les dangers et les tentations, nous avons fait le choix d’adapter notre environnement à nos enfants, plutôt que de demander à nos enfants de s’adapter à notre environnement.

Finis les petits bibelots et objets fragiles à portée de mains d’enfants, terminés les coins de table non protégés, les fils électriques accessibles, les produits ménagers ou tranchants à hauteur d’enfant. Nous souhaitons que nos enfants puissent évoluer librement chez eux, sans avoir à leur interdire d’explorer leur environnement. Nous avons donc supprimé tout ce qui pouvait être potentiellement dangereux et leur avons expliqué que certains objets sont fragiles, peuvent casser et qu’il faut faire attention en les manipulant (comme les assiettes par exemple).

Nous avons aussi cessé d’être sentimentaux. Notre appartement ne contient aucun objet de valeur dont la perte ou la détérioration nous rendrait malades (évidemment, nous laissons nos téléphones, ordinateurs et appareils photos ainsi que ma platine vinyle hors de portée des enfants). Notre appartement ressemble à un appartement témoin Ikea où rien n’a de valeur réelle et où tout peut être sali ou potentiellement abîmé (nous n’achetons que des objets déhoussables et lavables en machine). Cela ne nous empêche pas d’expliquer à nos enfants qu’il faut respecter le matériel et les objets, mais au moins, si un ramequin est cassé, un tapis tâché, un canapé recouvert de vomi, nous considérons que cela n’a pas vraiment d’importance. Ainsi, les enfants font de la peinture et dessinent aux feutres chaque jour sur notre table à manger que je nettoie en 2 secondes en passant un coup d’éponge.

 

Dans cette même volonté de leur permettre d’évoluer librement dans l’appartement, nous avons adapté notre mobilier à eux. Ils ont accès à tout l’appartement. Ceci implique qu’ils puissent grimper à leur guise sur un marchepied pour pouvoir se laver les mains de manière autonome ou nous observer cuisiner, s’asseoir seuls à table tout en étant à la bonne hauteur pour manger ou faire une activité, entrer et sortir seuls de leur lit, avoir accès à leurs jeux sans notre aide, etc.

 

 

  • 5) Avoir confiance en nos enfants

Nous sommes confiants envers les capacités de nos enfants. Nous savons qu’ils apprennent chaque jour et les laissons apprendre à leur rythme au gré de leurs découvertes.

  • Nous évitons les comparaisons et ne nous inquiétons donc pas quant au fait qu’ils soient en avance ou en retard pour telle ou telle chose. Nous sommes conscients que chaque enfant apprend à son rythme et que tous finissent par savoir marcher, parler, lire, etc. Nos deux enfants ont marché respectivement à 16 et 15 mois sans que cela ne nous pose aucun problème. Nous ne nous fixons aucun objectif de réussite à leurs égards.
  • Nous leur laissons de l’autonomie et les laissons faire leurs propres expériences. Et tant pis (ou tant mieux) s’ils font des erreurs : ce sont pour eux des opportunités d’apprentissage.

 

  • 6) Nous évitons de forcer nos enfants 

Nous considérons que respecter nos enfants consiste à prendre en compte ce qu’ils nous disent lorsqu’ils nous manifestent clairement leur aversion pour quelque chose.

Nous évitons donc autant que possible de les forcer à faire des choses qu’ils ne veulent pas faire. Nous ne les obligeons jamais à finir leur assiette s’ils n’ont plus faim (certes, ça arrive rarement à la maison 😉 ).

Nous ne leur imposons jamais non plus de faire de bisou s’ils n’en ont pas envie, a fortiori pour dire bonjour ou au revoir. Nous considérons que leur corps leur appartient et, de la même manière que nous n’aimerions pas qu’on nous force à embrasser quelqu’un, nous ne le faisons pas avec eux (mais, comme mentionné plus haut, nous leur demandons de dire bonjour, car nous faisons la distinction entre une règle de politesse universelle et une démonstration d’affection personnelle).

 

  • 7) Responsabiliser nos enfants

 

  • Nous essayons de responsabiliser nos enfants en leur proposant de participer aux « tâches ménagères » de la famille par exemple. Ainsi, depuis qu’ils tiennent debout et se déplacent, ils mettent leurs vêtements au linge sale, mettent la table, participent à la préparation de certains repas, vident le lave-vaisselle, rangent les courses, remplissent et lancent la machine à laver, etc. Nous pensons que cela les valorise et contribue à développer leur sentiment d’appartenance à notre famille, en tant qu’individus à part entière.
  • Nous ne voulons pas d’enfants « sages » qui « obéissent ». Nous préférons apprendre à nos enfants à coopérer en les responsabilisant et en leur expliquant l’intérêt que chacun de nous a (eux compris) à ce qu’ils respectent les règles. Nous espérons ainsi qu’ils n’agiront pas pour nous faire plaisir ni par peur de nous décevoir ou d’être punis, mais plutôt car ils comprendront la finalité des règles de la famille et y trouveront leur propre intérêt.
  • Lorsqu’un problème ou conflit survient, ou lorsque les besoins des uns sont en contradiction avec ceux des autres, nous essayons de chercher ensemble des solutions à nos problèmes plutôt que de réprimer situations négatives. (Ça n’est pas encore très évident car nos enfants sont encore jeunes mais nous essayons de commencer à les inclure dans ce processus, qui, nous l’espérons sera de plus en plus démocratique).

 

  • 8) Employer des phrases positives et valorisantes

 

  • Nous préférons, dans un monde parfait, souligner, encourager et valoriser les actions positives plutôt que d’insister sur le négatif.
  • Nous essayons aussi d’employer des phrases positives plutôt que d’avoir recours à la négation lorsque nous leur expliquons quelque chose. Un exemple de Filliozat avait été très parlant pour moi : celui d’expliquer à un enfant lorsque nous sortons « Reste à côté de moi » plutôt que « Ne traverse pas la route », car dans le cas de phrases négatives, nous expliquons à l’enfant ce qu’il ne peut pas faire sans lui expliciter clairement ce qu’on attend de lui.
  • Afin d’exprimer nos besoins et nos demandes à nos enfants, nous essayons d’employer la 1ère personne plutôt que la 2ème : le recours au « je » permet de partir de notre point de vue, de nos attentes, de nos demandes et sont, en ce sens, plus explicites et moins agressives que le recours au « tu » souvent plus utilisé pour exprimer un reproche ou une directive. Ainsi, « Je n’accepte pas qu’on tape », « J’aime bien quand tu me racontes ce que tu vis à l’école. » sont plus faciles à entendre, plus valorisants et constructifs pour un enfant que « Arrête de taper ton frère. » ou « Qu’est-ce que tu as fait à l’école ?
  • Nous essayons d’encourager (sans trop complimenter) nos enfants. Pas facile, facile à appliquer dans la vraie vie … Si les encouragements sont constructifs pour l’enfant, trop de compliments, eux, participent au fait que les enfants se construisent par rapport à l’image que l’adulte leur renvoie (car le compliment est un jugement extérieur), et les empêche de faire les choses pour eux-mêmes, d’avoir confiance en leurs propres capacités et d’être autonomes.

 

  • 9) Désamorcer les crises 

Nous faisons notre possible pour expliquer à nos enfants ce qui va se passer dans la demi-journée (ou journée) qui arrive. Cela leur permet de s’y préparer et nous est parfois bien utile pour désamorcer des crises. Nous avons constaté qu’expliquer par anticipation est souvent plus efficace que d’intervenir après coup. Lorsque nous disons à nos enfants que nous allons partir jouer au parc mais que nous ne pourrons pas rester longtemps, que nous leur rappelons avant de rentrer que nous allons bientôt repartir et que nous finissons par leur indiquer qu’ils ont encore la possibilité de faire 2 tours de toboggan avant de rentrer, ils ont eu le temps de se faire progressivement à l’idée que leur moment de plaisir allait bientôt se terminer. Ils sont alors généralement plus près à coopérer que lorsque nous leur annonçons de but en blanc (sans aucune préparation) que nous repartons maintenant. Pas sûre que nous aurions apprécié de repartir de Disneyland après 2 Space Mountain sans avoir eu la moindre idée avant que notre plaisir allait bientôt s’arrêter …

Quelque chose qui fonctionne bien aussi pour anticiper ou apaiser nos enfants en début de « crise » est de leur laisser une alternative. Plutôt que de leur dire « Nous partons du parc » pour reprendre l’exemple précédent, nous pouvons leur demander « Tu préfères qu’on parte après 2 tours de toboggan ou 2 murs d’escalade ? » Nos enfants se sentent ainsi écoutés et acteurs de ce qui se passe pour eux, ce qui est plutôt valorisant.

Enfin, nous avons parfois recours au jeu pour désamorcer des crises. En revenant vers quelque chose de ludique, nous faisons en quelque sorte diversion et lorsque nos enfants sourient de nous voir faire les fous ou dire une « bêtise », ils sortent temporairement de leur colère pour laisser place à autre chose …

 

 

  • 10) Verbaliser, communiquer

De manière générale, nous essayons de communiquer et de verbaliser sur tout, et en toutes circonstances.

Nous leur exprimons nos propres besoins et nos propres limites, ce qui leur permet de réaliser que nous sommes tout simplement humains, et participe à entretenir l’empathie naturelle qu’ils ont en eux. Et nous reconnaissons nos erreurs lorsque nous avons eu un comportement que nous n’aurions pas voulu avoir. Nous nous excusons ainsi auprès de nos enfants lorsque nous avons crié ou parfois puni, alors que nous aurions aimé ne pas craquer ainsi.

Les limites et découragements :

Comme je le disais au début de cet article, il n’est pas simple de faire le choix de l’éducation positive. Cela impose beaucoup de sang-froid (que nous ne parvenons pas toujours à avoir), des remises en question quotidiennes et nous sommes parfois découragés lorsque nous constatons que nos enfants ne nous écoutent tout simplement pas.

Il est frustrant de constater que les règles ne sont pas toujours suivies d’effet : nous passons parfois nos journées à répéter les mêmes choses, avec la sensation dévalorisante que le message ne passe pas. Dans ce genre de cas, nous sommes tentés de nous dire que l’éducation positive ne fonctionne pas, qu’elle n’est pas pour nous, que nous n’y arrivons pas, même si le modèle semble en accord avec nos valeurs et paraît tentant.

Très souvent, nous nous sentons démunis car nous ne parvenons pas à ce que nos enfants modifient les comportements que nous jugeons inacceptables car en opposition avec les règles, avec le cadre que nous nous sommes fixés. Régulièrement, nous avons l’impression que le simple fait de répéter ces règles et les raisons de leur existence est insuffisant. Alors, nous nous décourageons, et, pour peu que nous soyons fatigués ou stressés, nos vieux démons réapparaissent et nous crions de nouveau.

Mais je pense qu’il ne faut pas considérer l’éducation positive comme une religion, qu’il faut aussi fonctionner au feeling, qu’il faut suivre son instinct et l’adopter peu à peu, en fonction de nos convictions et de nos vies. Le plus grand drame, à mon sens, de cette éducation dite bienveillante, c’est le manque de bienveillance qu’elle laisse supposer aux parents qui ne l’appliqueraient pas, par choix ou par découragement, ou qui ne la suivraient que partiellement. Aucun parent ne peut déclarer honnêtement ne jamais crier, ne pas élever la voix. Ça me semble juste impossible. Chacun est humain, et chacun craque parfois, éducation positive ou non. La différence, c’est que lorsqu’on essaie de mettre en pratique ce type d’éducation, on s’excuse lorsque l’on dérape et l’on continue d’être convaincu que l’enfant n’a pas eu de mauvaise intention, quand bien même son comportement nous aurait fait sortir de nos gonds.

Alors, oui, nous crions parfois, oui, il nous arrive de punir (même si nous sommes convaincus que ces deux attitudes n’apportent rien de constructif) ; cet article n’est pas une déclaration de bonne parentalité. Déculpabilisons-nous d’être juste « normaux » parfois, lorsque, certains jours, nous pensons que nous n’y arrivons pas vraiment.

Et puis, un jour, on se rend compte, que si, en fait, le message est passé, celui-là même qu’on rabâchait 10 fois par jour depuis des mois. Ça y est, notre enfant l’a intégré, et est passé à autre chose. Alors, on en ressort grandis. On se dit que nous avons eu raison de tenir bon, de continuer de croire en cette éducation « nouvelle », de ne pas choisir la solution de facilité, de nous reconnecter avec notre enfant intérieur et d’essayer de nous montrer créatifs (pour ne pas dire, parfois, audacieux). L’éducation positive ne se base pas sur les résultats à court terme et c’est en cela qu’elle décourage ; elle vise l’épanouissement de la famille sur le long terme. Et ses résultats ne sont pas visibles tout de suite, ils mettent du temps à arriver, ce qui est déstabilisant. C’est un sacré défi à relever et un cheminement du quotidien.

Mais quel bonheur de constater la joie de vivre et l’enthousiasme de nos enfants élevés avec empathie !

 

Avez-vous fait ce choix ? Où en êtes-vous de votre cheminement ? Quels sont, selon vous, les aspects les plus compliqués à gérer lorsque l’on essaie, de devenir des parents plus bienveillants ?

 

À très vite,

Céline.

 

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