S’il y a bien un sujet pour lequel nous nous sentons marginalisés, c’est sur celui de la télé.
Avant même la naissance de notre Loulou, nous avons décidé de « balancer la télé » et, depuis,
nous ne l’avons jamais regretté.

 

Pourquoi ce choix

Une lente remise en question : de télévores à télésceptiques

Je me souviens avoir été, très jeune, accro à la télé. Je ne voulais, en aucun cas, rater mes petites émissions d’enfant (Club Dorothée et autres Hélène et les garçons, etc.). Et il me paraissait inconcevable de prévoir autre chose à l’heure de leurs diffusions. Mais à mesure que j’ai grandi, je me suis aperçue à quel point la télé pouvait constituer un obstacle à une vie de famille épanouie. Lorsque j’étais enfant, elle était allumée en permanence. À table, il n’y avait ni échanges ni discussions mais plusieurs personnes assises devant un écran qui mangeaient machinalement. Nous n’avons pas su profiter de ces instants précieux pour nous découvrir, discuter, partager. Je pense que nous sommes véritablement passés à côté les uns des autres et je trouve ça à la fois dommage et triste.

Lorsque Damien et moi avons emménagé ensemble, il nous a pourtant paru naturel, à l’un comme à l’autre, d’acheter une télévision. Nous avions tous les deux grandi avec et nous la considérions comme un loisir parmi d’autres, dont chaque foyer était doté de manière quasi automatique.

Or, nous avons rapidement été déçus de constater à quel point (à quelques exceptions près) les contenus proposés à la télévision étaient pauvres. Si certaines émissions nous plaisaient encore, nous prenions plus de plaisir à les regarder en replay qu’en direct. Nous échappions ainsi aux coupures pub qui nous semblaient de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes. Le replay nous permettait aussi de ne regarder que ce que nous choisissions vraiment car nous n’étions pas tentés de regarder 5 minutes de l’émission suivante (qui se transformaient en 10, non 15 minutes ; oh, et puis nous pouvions attendre la prochaine coupure pub, ou même l’émission entière puisque nous l’avions regardée jusque là ; voire celle d’après qui n’était pas mal finalement, etc.). Le replay nous permettait donc d’être plus sélectifs et de nous « installer » devant la télé aux moments que nous choisissions et pour la durée que nous choisissions. Cela a eu pour effet de diminuer de beaucoup nos fréquences et durées d’utilisation. Et nous avons peu à peu fait le constat, qu’en fait, nous aimions ne pas la regarder.

Nous en sommes venus à tester des week-ends de « désintox » (un week-end par mois sans télé) et à chaque fois que ces week-ends s’achevaient, nous constations que, non seulement elle ne nous avait pas du tout manqué, mais qu’en plus nous avions eu le temps de faire toutes ces choses que nous ne pouvions habituellement pas faire. (Vous savez ces fameux trucs pour lesquels on se dit : « Rhho, j’aimerais bien trouver le temps de faire ça ».) Car, quoi qu’on en dise, on minimise toujours le temps qu’on passe devant la télé. Chacun pense en toute bonne foi y consacrer moins de temps que ce qu’il y passe vraiment. Et bien, grâce à ces week-ends sans télé, nous trouvions, de nouveau, du temps. Nous améliorions, à chaque fois, notre qualité de vie et nous en étions hyper contents ! Nous sommes donc ensuite passés à un rythme d’une semaine par mois sans télé …

Notre projet de déménagement

La remise en question a été plus poussée encore lorsque nous avons déménagé. J’étais alors enceinte de Loulou et nous avions décidé de ne pas installer de télé dans notre futur salon. Anticipant notre prochain aménagement, nous étions allés voir des cuisinistes pour qu’ils nous donnent leurs avis sur l’endroit où placer la cuisine dans la pièce de séjour. (Nous avions en tête l’endroit où nous souhaitions qu’elle soit – nous avions choisi l’emplacement qui nous semblait le plus adapté pour optimiser l’espace, circuler facilement et agencer le salon de manière sympa. Mais nous n’étions pas contre un avis extérieur pour nous conforter (ou non) dans notre choix). Et nous avons été très surpris de constater que la première question qu’ils nous ont tous posée a alors été : « Tout dépend où vous souhaitez mettre la télé. » (ou, variante) : « Alors, je pense que le mieux est de mettre la télé ici, donc, euh, la cuisine irait là. » Est-il raisonnable de trouver anormal de partir d’un grand rectangle noir (que je trouve, soit dit en passant, particulièrement moche comme objet) pour choisir comment vivre au quotidien et où installer les différentes pièces et meubles d’un logement ? En entendant ce type de remarque, n’est-on pas en droit de penser que la télé prend une place bien trop centrale dans nos vies (sans même que nous nous en rendions compte) ? Car, si regarder la télé peut être sympa, cela ne devrait-il pas rester un loisir au milieu d’autres loisirs (comme écouter de la musique, lire un livre, aller au théâtre, cuisiner, se prendre un apéro, faire du sport, aller se promener, jouer à un jeu de société, inviter des proches, aller boire un verre, aller au cinéma, se faire un petit resto, aller voir une expo, etc. ? Le problème avec la télé, c’est qu’elle prend très vite toute la place (que ce soit dans nos emplois du temps quotidiens ou sur les murs de nos intérieurs).

Alors, nous avons emménagé avec notre ancienne télé avec, pour projet, de nous en débarrasser lorsque nous serions installés. Nous nous en sommes tellement peu préoccupés que nous l’avons placée à un endroit par défaut pour qu’elle se fasse la plus discrète possible (nous ne voyions même pas l’écran entier lorsque nous étions assis sur la partie méridienne du canapé) et nous l’avons très peu regardée.

 

La naissance de Loulou

Et puis, Loulou est né. Et évidemment, nous ne souhaitions pas qu’il regarde cet écran. Les études sont unanimes sur les méfaits de la télévision tant sur le plan cognitif que social du développement de l’enfant. (J’approfondirai ces sujets prochainement dans un article dédié). Lorsqu’il était éveillé, notre télé restait donc éteinte et lorsqu’il dormait, nous avions toujours mille choses à faire : dormir nous aussi, manger, nous laver, faire des choses dans la maison ou pour nous, prendre du temps pour nous deux, alors, bien sûr, regarder la télévision n’était pas notre priorité.

À la même période, j’ai lu un livre qui m’a confortée dans mon choix de « balancer la télé », TV Lobotomie de Michel Desmurget. Certes, il s’agit d’un livre à charge mais il est plein de vérités plus accablantes les unes que les autres.

L’été suivant, nous avons donc emmené la télé dans l’appartement de vacances de la famille de Damien, et depuis, nous vivons sans télé …

 

Et depuis …

Au moment où nous nous sommes séparés de notre télé, nous admettons que nous avions un petit doute quant au fait qu’elle pourrait, peut-être, nous manquer un jour. Nous nous interrogions sur le fait que nous pourrions apprécier de regarder une émission ou un événement spécial en direct sur grand écran. Il n’en a rien été. Nous n’avons jamais regretté notre choix, pas une seule fois. Nous ne nous sommes jamais dits « ah mince, si seulement on avait eu la télé … ».

Depuis, nous avons gagné plein, plein de temps !!! Nous avons plus de temps pour faire ce qui nous plaît vraiment. Nous avons pu faire plein de travaux dans l’appart, pris du temps pour en choisir la déco, nous avons plus de temps pour trier et développer nos photos, faire de petits montages vidéos, lire, faire du sport, nous lancer dans de nouveaux projets (comme la création de ce blog par exemple), etc. Heureusement que nous n’avons plus la télé d’ailleurs, car les enfants mobilisent tellement notre temps et notre énergie, que nous ne pourrions plus rien faire en dehors d’eux si nous passions nos soirées devant la télé !

Et lorsque nous faisons quelque chose qu’il nous arrivait parfois de faire devant la télé (comme cuisiner par exemple), nous sommes désormais plus présents dans ce que nous faisons et nous profitons donc plus de l’instant présent. Et surtout, nous n’avons pas de bruit de fond désagréable qui nous détourne de ce que nous sommes en train de faire et nous fait perdre du temps. Le bruit de fond que nous avons (en dehors des enfants ;-)), c’est généralement une petite musique d’ambiance, apaisante, qui contribue à notre bien-être. Et avec des enfants en bas âge, c’est bien plus relaxant qu’une télé ! Nous écoutons d’ailleurs plus souvent de la musique (nous nous sommes mis aux vinyles, à Fip, TSF Jazz – ou encore Radiodoudou ;-)) et nous sommes beaucoup plus zens. Nous lisons plus, discutons plus, et finalement partageons plus.

Alors, certes, élever des enfants sans télé, c’est bien plus de boulot pour les parents : on n’a pas un moment de répit où l’on peut se dire « je suis épuisée, je mets les enfants 5 minutes devant la télé et je souffle » ou « je fais des trucs dans la maison tranquillement pendant leur dessin animé », mais c’est un choix que nous avons fait car nous sommes convaincus qu’il contribue à notre équilibre familial et à un développement plus sain de nos enfants.

 

vivre-sans-tele

Nous continuons de regarder, en replay sur l’ordi, certaines émissions qui nous plaisaient avant, mais le fait de ne pas avoir de « boîtier télé » fait que nous sommes bien plus sélectifs car nous faisons la démarche d’aller regarder quelque chose (que nous choisissons vraiment pour le coup), alors qu’avant, nous allumions la télé avant même de savoir quoi regarder. Nous sommes fans de séries télé : nous continuons donc d’en regarder certaines au lit tous les deux, mais, encore une fois, nous nous installons en mode : « attention, c’est soirée série » (et on n’allume pas machinalement une télé).

Quant à nos enfants de 1 et 3 ans, nous nous rendons compte qu’ils n’ont pas de grandes peurs (comme celles du loup, des monstres ou autres choses qui peuvent choquer les jeunes enfants à la télé). Ils n’ont jamais fait de cauchemar, s’endorment bien et ne se réveillent la nuit que quand ils sont malades ou qu’une dent pousse. Ils ne réclament jamais de produits industriels (jouets, sodas, fast foods, ou autres produits rabâchés dans les pubs télé). Ils sont curieux et notre grand adore lire et parler. Et je suis convaincue que l’absence de télé à la maison a contribué à tout ça.

vivre-sans-tele

 

Qu’en est-il chez vous ? Avez-vous fait ce choix un peu radical de supprimer la télé ? L’envisagez-vous ? Ou, êtes-vous, au contraire, très contents de l’avoir à la maison ?

Partageons nos points de vue ! 🙂

Bises,

Céline.