VEO-violences-éducatives-ordinaires

On appelle Violences Éducatives Ordinaires (VEO)
les violences physiques, psychologiques ou verbales,
utilisées à visée éducative,
et ordinairement admises et tolérées par la société …

 

Les violences physiques, verbales et psychologiques ont été inscrites dans nos cerveaux, générations après générations, comme une méthode éducative (parfois même la seule), au point de faire partie intégrante de nos relations avec nos enfants, et par extension, de nos rapports aux autres. Neuroscientifiques, médecins, sociologues, psychologues et biologistes ont désormais suffisamment d’informations à leur dispositions pour alerter unanimement les populations sur le fait que ces violences, même lorsqu’elles sont légères, sont non seulement vaines d’un point de vue éducatif mais extrêmement néfastes au bon développement physique et psychologique de l’enfant.

 

En quoi ces violences sont inefficaces ?

Lorsqu’un enfant subit un acte violent (fessée, gifle, cris, punition, humiliation …), il arrête aussitôt ce qu’il est en train de faire, non pas car cette violence lui a permis de changer son comportement mais, au contraire, car cela provoque en lui un état de sidération tel qu’il se fige, transi par la peur et l’incompréhension de ce qui se passe. Il stoppe net ce qu’il était en train de faire, mais a-t’il pour autant compris pourquoi son propre comportement était inapproprié ?

L’enfant apprend principalement par mimétisme : lorsque l’on crie à un enfant d’arrêter de crier, qu’on le tape en lui expliquant qu’il ne faut pas taper, quel message retient-il ? Que l’on peut taper les gens qu’on aime ? Que l’on doit accepter que des gens qu’on aime nous crient dessus ? Que la violence peut résoudre les problèmes ? Et quels repères ces comportements donnent-t’ils à l’enfant de ce qui est bien et de ce qui est mal ?

 

En plus d’être infructueuses, les violences subies durant l’enfance, même celles que nous considérons comme ordinaires et « légères »,  ont des répercussions sur l’individu pendant toute sa vie, comme l’ont récemment démontré les neurosciences.

 

Conséquences des VEO pour l’enfant

  • Les violences répétées dans l’enfance augmentent l’hyperéactivité de l’enfant une fois adulte (qui n’arrive pas à gérer ses émotions) car les gestes et paroles alors utilisés sont inscrits dans son cerveau de manière indélébile.
  • Manque de confiance en lui :
    • Rabaisser, insulter, punir, humilier, porter atteinte à l’intégrité physique d’un enfant, une fois la sidération passée, marquent durablement l’enfant, qui se construit dans son rapport à l’autre. S’il se sent dévalué en tant qu’individu, a fortiori par ceux qui sont pour lui des personnes d’attachement, des référents physiques et affectifs, son cerveau en sera durablement marqué et l’enfant grandira en manquant de confiance en lui.
  • L’escalade de la violence … pouvant amener à de la maltraitance.
    • Toute maltraitance a commencé par des VEO qui n’ont pas « fonctionné » car l’enfant était jugé comme « difficile ». Lorsque l’adulte est convaincu du bien fondé des cris, il criera plus fort si l’enfant n’écoute pas. S’il croit que la fessée permet à l’enfant de comprendre ce qu’il a fait et qu’il constate, à juste titre, que l’enfant n’a en fait pas compris, il y a de fortes chances, qu’il tape plus fort la fois suivante.
  • Il est désormais avéré que les VEO augmentent les risques de dépression, de suicide, de troubles de la personnalité, de comportements anti sociaux, de maladies auto immunes.

VEO

 

Or, il n’est pas toujours facile de déceler les violences que nous faisons subir à nos enfants car elles font partie intégrante de l’éducation que nous avons, bien souvent, nous mêmes reçue. À l’époque où nous étions enfants, on ne se rendait pas encore compte des impacts que de telles violences pouvaient avoir sur les enfants. Nos parents pensaient alors qu’elles étaient appropriées et normales, voire parfois indispensables pour éduquer leurs enfants.

 

stop-violences

Prendre conscience de ces violences est la 1ère étape pour les supprimer.

C’est la raison pour laquelle je partage avec vous la liste ci-dessous qui répertorie les violences éducatives communément employées envers les enfants. Elle n’a, en aucun cas, pour but de nous culpabiliser. (Je pense que chacun pratique parfois au moins un des types de violences ci-dessous). Le but est la prise de conscience, avec l’idée qu’il n’est jamais trop tard pour modifier nos comportements :

 

Les violences physiques

  • Donner un coup à un enfant (quelle que soit son « échelle ») : une tape donnée sur la main, une fessée, une gifle …
  • Attraper trop vivement un enfant, le pousser, le tirer, l’empoigner, le bousculer …
  • Mordre, pincer ou tirer les cheveux d’un enfant pour lui montrer que cela peut faire mal.
  • Laisser pleurer un enfant sans intervenir.
  • Forcer un enfant à effectuer (ou subir) une action physique contre son gré
    • le forcer à manger, à goûter, à terminer son assiette,
    • à embrasser ou câliner quelqu’un, (ou à se faire embrasser ou câliner par quelqu’un)
    • à aller sur le pot avant qu’il en manifeste l’envie
  • A contrario, priver un enfant :
    • de boire, de manger, de dessert
    • d’aller aux toilettes
  • Ne pas respecter le rythme de l’enfant :
    • le faire manger ou dormir / le priver de manger ou dormir (le réveiller) en fonction d’un horaire décidé par nous et non en fonction de ses besoins propres (notamment chez les tout petits)
    • presser un enfant dans ce qu’il entreprend et faire à sa place car on le trouve trop lent
  • Pratiquer des « violences douces » :
    • Prodiguer des soins sans prévenir, par derrière (nettoyer le visage/moucher)
    • Utiliser un parc alors que l’enfant a besoin de se mouvoir
    • Mettre un enfant devant un écran pour avoir la paix
    • Utiliser systématiquement la poussette avec un enfant qui demande à marcher
    • Forcer à rester à table pendant de longs repas
    • Ne pas arrêter de chahuter/chatouiller quand l’enfant le demande

Les violences psychologiques

  • Isoler temporairement un enfant de manière forcée, en le mettant au coin, sur une chaise, etc.
  • Punir
  • Menacer / faire du chantage
  • Ignorer un enfant : refuser de l’écouter, lui être indifférent
  • Comparer des enfants entre eux : c’est l’intellectuel de la famille, elle dort beaucoup moins bien que sa soeur …
  • Mentir à un enfant ou lui cacher des choses qui le concernent
  • Adopter un comportement dominant et autoritaire (« C’est comme ça et pas autrement. », « C’est ce que j’ai décidé, point à la ligne. ») et ne pas expliquer à l’enfant pourquoi telle règle existe
  • Être laxiste
  • Ne pas respecter l’intimité d’un enfant : sans son accord, entrer dans sa chambre, consulter ses mails, entrer dans la salle de bain ou dans les toilettes …
  • Confisquer ou jeter les jouets d’un enfant sans son accord
  • Critiquer les goûts d’un enfant
  • Utiliser du second degré alors que l’enfant n’est pas capable de le comprendre

 

Les violences verbales

  • Rabaisser un enfant :
    • l’humilier,
    • l’insulter,
    • se moquer de lui,
    • rire lorsqu’il est en détresse
  • Affubler des étiquettes à un enfant (même lorsqu’elles sont positives) : à travers des surnoms notamment (petit monstre, princesse, feignasse, glouton …)

 

Quelques éléments qui font réfléchir :

  • La Suède a aboli toute forme de tout de châtiment corporel en 1979 (malgré, à l’époque, 70% d’avis défavorables parmi la population), et a un chiffre de décès d’enfants dus à la maltraitance quasi nul aujourd’hui.
  • 52 pays ont aboli les châtiments corporels. La France toujours pas.
  • En France, 2 enfants meurent chaque jour des violences de ses parents.

pourquoi-appelle-t-on-education-le-fait-de-frapper-un-enfant

 

Venez me dire, en commentaire, sur quelle(s) VEO vous essayez de travailler chez vous en ce moment ? Lesquelles vous posent le plus de difficulté ? Et quelles sont vos astuces pour les supprimer. 😉

Travaillons chaque jour sur un peu plus pour changer nos pratiques. Changeons de regard sur l’enfant et sur nous-même. Adoptons une éducation plus positive.

Les enfants d’aujourd’hui sont le monde de demain.

 

 

À bientôt,

Céline.