santa-or-not-santa

 

C’est parti le mois de décembre, les jolies déco, les sapins éclairés, les chocolats, l’attente du Père Noël.
Euh, oui, mais … finalement ai-je tellement envie de faire croire au Père Noël à mes enfants ?

 

J’ai toujours aimé Noël et la magie de la période des fêtes qui l’entoure (de l’avent à l’après) ! Il faut reconnaître qu’elle regroupe beaucoup de choses que j’aime : de bons petits repas, des moments en famille et entre amis, des maisons festives et décorées et une atmosphère particulière qu’on ne retrouve qu’à ce moment-là. Petite, je croyais à fond au Père Noël si bien que je n’ai, dans un premier temps, tout bonnement pas cru mes parents lorsqu’ils m’ont annoncé qu’il n’existait pas. Il me paraissait donc, il y a peu de temps encore, évident de transmettre cette magie de Noël à mes enfants, belle histoire du Père Noël comprise.

Oui, mais voilà …

Je m’efforce depuis la naissance de mes enfants de ne jamais les trahir : je suis transparente envers eux, je les préviens toujours de ce qu’il va se passer, je leur dis la vérité en toutes circonstances (même si elle leur déplaît ou peut créer des « drames » que j’aurais pu éviter en ne la leur disant pas : « j’ai dû jeter tes cailloux ou ce prospectus que tu voulais garder », « je vais partir mais je reviens après », etc.), je ne leur cache rien. Il me semble essentiel de pouvoir être toujours honnête envers eux car cette franchise me paraît être le ciment d’une relation saine, respectueuse et bienveillante. Que devient, dans ce contexte, cette merveilleuse histoire du Père Noël qui, certes, met de la magie dans les yeux des enfants, mais repose tout de même sur un mensonge qu’on leur raconte sciemment ? Que ressentiront mes enfants lorsque, dans quelques années, Damien et moi leur avouerons que cette histoire est fausse, que nous l’avons inventée pour participer à cette magie ? Ne se sentiront-ils pas trahis ? Qu’adviendra cette confiance incontestée qu’ils avaient fondée en nous ? Ce mensonge, car il en est tout de même un, n’est finalement pas vraiment en phase avec ma vision bienveillante de l’éducation ni avec ma manière d’élever mes enfants. Alors, il me dérange.

 santa-or-not-santa

 

Mais pourquoi le Père Noël me pose problème ?

1)- Le « traumatisme » de l’annonce 

Il me semble que beaucoup d’entre nous se souviennent du moment où ils ont appris que le Père Noël n’existait pas. On se souvient de l’annonce plus ou moins solennelle des parents ou du copain d’école qui a gaffé (voire qui était trop fier d’être dans la confidence et nous l’a révélé, trop content de faire partie du monde des grands). Si ce souvenir est encore ancré en nous, n’est-ce pas quelque part car il nous a marqué, qu’il a laissé des traces ? Ça y est, nous savions cette chose que nous soupçonnions ou dont nous n’avions pas idée. Quelque chose avait changé.

En ce qui me concerne, je visualise très bien la scène, je me souviens de la manière dont mes parents me l’ont dit, du camping car de Barbie (que j’avais reçu au Noël précédent) avec lequel j’étais en train de jouer lorsqu’ils m’ont fait cette révélation. Sur le coup, je ne me suis pas sentie traumatisée mais je me souviens ne pas avoir compris. J’y croyais dur comme fer, leur ai répondu, dans un premier temps, que ça n’était pas possible (arguments, ou presque 😉 , à l’appui). Et ensuite, cette incompréhension donc : Pourquoi m’avait-on menti ? …
Je ne leur en ai pas voulu : j’ai adoré croire au Père Noël et je n’ai jamais cessé d’aimer Noël ; peut-être en partie grâce à cette magie que le Père Noël avait créée.

Je sais que certains l’ont mal vécu, et à juste titre quelque part : leurs propres parents leur avaient menti.

 

2)- Le Père Noël comme moyen de chantage

Qu’on le veuille ou non, je pense qu’il arrive toujours un moment, lorsqu’on fait croire ses enfants au Père Noël, où, sous le coup de la fatigue, du stress, de la pression du quotidien, le parent finit par « utiliser » le Père Noël pour parvenir à ses fins : « Si tu n’es pas sage, j’appelle le Père Noël » ou « Le Père Noël saura que tu n’as pas écouté, il ne t’amènera pas de cadeau ».

D’ailleurs, le concept entier du Père Noël n’est-il pas basé sur ça ? J’ai été sage donc j’ai droit à des cadeaux.

Et puis d’abord, je ne veux pas que mes enfants soient sages, je ne veux pas qu’ils « obéissent » ni qu’ils se soumettent ; je veux qu’ils soient heureux, qu’ils apprennent à déceler ce qui est bien ou non pour eux et pour les autres mais en se sentant libres de dire ce qu’ils pensent, en se considérant sur un pied d’égalité avec l’adulte, et en ayant le droit de dire qu’ils ne sont pas d’accord.

Le Père Noël ne repose-t’il pas sur un ancien modèle d’éducation ?

 

3)- La valorisation de la surconsommation

Ce qui me dérange avec la fête de Noël, c’est la surconsommation qu’elle génère. Autant ça ne me gêne pas de gâter mes proches et de me lâcher sur le repas, autant j’ai du mal avec le côté automatique de la chose et l’obligation d’acheter pour acheter, sans finalement tant se soucier que ça du plaisir de recevoir que la personne en face aura, sans véritablement chercher à dénicher le cadeau qui nous semble parfait pour cette personne, et sans parfois prendre tant de plaisir que ça à offrir.

Dans le joli concept du Père Noël, ce qui me semble moins joli, c’est cet apprentissage à réclamer que nous inculquons à nos enfants. La liste au Père Noël en est le parfait exemple : je voudrais ça, et puis ça et encore ça. Nous apprenons à nos enfants à surconsommer, voire à être déçus s’ils ne reçoivent pas les cadeaux demandés. Est-ce réellement une valeur que nous souhaitons leur transmettre in fine ?

 

4)- L’infantilisation de l’enfant

Finalement, faire croire nos enfants au Père Noël n’est-il pas infantilisant et quelque part irrespectueux ? Ne faisons-nous pas un peu offense à l’intelligence de nos enfants en leur racontant une histoire si peu crédible ?

Ce Père Noël qui est à la fois en train de préparer tous les cadeaux, qui est débordé et n’a pas une minute à nous consacrer mais qu’on croise partout : dans les centres commerciaux, dans les centre-villes, parfois même démultiplié.

Ce Père Noël qui amène discrètement les cadeaux par la cheminée (ou par je ne sais où car beaucoup de gens n’ont plus de cheminée aujourd’hui) et qui repart aussitôt pressé de finir sa tournée mais qui parfois prend le temps de passer nous dire bonjour lors du réveillon.

Ce Père Noël qui est censé nous connaître si bien, mais qui visiblement nous demande notre prénom lorsqu’on s’assied sur ses genoux pour prendre une photo sur laquelle il apparaît si différent de l’année dernière.

Ce Père Noël capable de faire le tour du monde en une seule nuit … (Bon ok, ça c’est de la magie qui peut faire rêver les enfants)

 

santa-or-not-santa

 

La magie de noël passe-t’elle nécessairement par le bonhomme en rouge ?

Je pense que quelque part, si. Non ?

Mais est-ce qu’écouter des chants de Noël, décorer une maison, manger des repas de fête et des chocolats, compter les jours avant Noël, se réunir en famille et entre amis, faire la fête et recevoir des cadeaux ne serait pas suffisant ?

Est-ce que, par exemple, demander aux enfants de préparer et d’emballer les cadeaux avec nous, les inclure dans ces valeurs de partage et de générosité ne serait pas plus gratifiant et nuiraient à cette magie ?

Ma question reste ouverte car je n’ai pas la réponse … Qu’en pensez-vous ?

 

 

Ce que nous avons finalement fait ?

Damien tenait à ce que l’on prolonge cette magie, car il estimait que le mensonge en valait la peine : pour lui, le Père Noël, c’était comme n’importe quelle surprise que l’on prépare pour ses enfants. Certes, on leur cache ce qui se passe, mais c’est pour entretenir la magie de l’enfance. (Argument hautement recevable, que je conçois et qu’une partie de moi partage complètement).

Mais quand-même, une surprise, ça dure 10 minutes, 1 heure, 1 journée et ça se résume à cacher quelque chose, pas inventer une autre histoire pendant 6 ans … À mesure que Loulou grandissait, j’étais un peu perdue car il nous faudrait bientôt trancher sur cette histoire de Père Noël.

Finalement, une discussion que j’ai eu l’année dernière avant Noël avec la marraine de Loulou m’a apporté mes réponses. Elle m’a fait remarquer que je pouvais peut-être trouver une 3ème voie : ne pas leur parler du Père Noël si je n’étais pas à l’aise avec le fait de leur mentir. La famille, l’école, les copains rendraient de toute façon ce Père Noël bien présent dans l’esprit de mes enfants. Je pouvais très bien ne pas leur parler de l’existence ou non du Père Noël et me montrer honnête lorsqu’ils me poseraient la fameuse question. Pour ne pas gâcher leur plaisir s’ils souhaitaient y croire, je pourrais alors commencer par leur demander ce qu’ils en pensaient eux, et selon leurs réponses, leur dire la vérité en insistant sur le fait qu’ils avaient le droit d’y croire quand-même s’ils le souhaitaient car c’était une jolie histoire. Et dans tous les cas, ne jamais me servir de cela comme une manière d’obtenir quelque chose d’eux.

Elle est super la marraine de Loulou ! Je trouve que cette 3ème voie me correspond bien. Elle reste bienveillante, sans les exclure de cette magie. Mais du coup, chez nous, pas de liste au Père Noël pour l’instant (Loulou, du haut de ses 3 ans, n’a pas, de toutes façons, pas encore connaissance du concept) mais seulement une interrogation sur ce qui lui ferait plaisir pour Noël (il m’a répondu « Un pain au chocolat » 🙂 ) et je pense que la magie est tout de même intacte.

Et vous, que pensez-vous du Père Noël ? Comment créez-vous cette magie de Noël ? Et pour vous, le Noël parfait, c’est quoi ?

 

santa-or-not-santa

 

Je vous embrasse.

À très vite.

Céline.

 

PS : le blog fête ses 3 mois  aujourd’hui ! À cette occasion, je vous donne rendez-vous demain soir pour un petit concours sur instagram (Il n’y aura donc pas d’article « Coup de coeur » demain ! 😉 )